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Bibliothèque municipale de Valenciennes, Ms. 172 (164)
fol 62v









MAINTENANT VENONS-EN À LA GÉOMÉTRIE.

(En marge : Sur cette science, Denys d'Halicarnasse a aussi écrit différents ouvrages en grec. Sur ce sujet, Boèce a aussi composé un opuscule en latin).

Elle est la description spéculative des figures, et aussi la preuve visible des philosophes, celle que le plus célèbre produit pour affirmer avec éclat que leur Jupiter a recours à la géométrie dans l'exécution de ses œuvres propres.
Et, je ne sais s'il faut les louer ou les blâmer quand ils disent mensongèrement que Jupiter fait dans le ciel ce qu'eux-mêmes dessinent sur le sable de couleur.
Mais, si cela est appliqué avec respect au vrai Créateur, le Seigneur tout-puissant, la géométrie peut convenir à la vérité de cette idée et s'il n'est pas sacrilège de le dire, la divinité sainte est géomètre, quand elle donne les différents aspects et les différentes formes à la création qu'elle fait exister jour après jour, quand elle attribue leurs cours aux étoiles de sa puissance qu'il nous faut révérer, quand elle fait courir les planètes selon des trajets déterminés et qu'elle assigne leur place précise aux fixes.
Tout ce qui est bien disposé ou parfaitement achevé peut être expliqué par les qualités de cette science.
La géométrie se dit en latin "mesure de la terre", parce que c'est grâce aux diverses figures étudiées par cette science, comme certains le disent, que l'Égypte a été autrefois, dit-on, partagée entre les différents propriétaires ; auparavant les maîtres de cette discipline étaient appelés "mesureurs".
Mais Varron, le plus compétent des Latins, rappelle pour l'origine de ce nom, l'explication suivante : il est bien certain, dit-il, qu'au début les hommes ont fourni la mesure des terres, avec l'établissement des bornes, à des populations nomades et querelleuses pour être utiles à la paix ; ensuite, poursuit-il, l'année, dans son entière révolution, a été divisée en un certain nombre de mois, d'où le nom donné aux mois (menses), parce qu'ils mesurent (metiantur) l'année.
Mais, après ces découvertes, les savants ont été attirés par la connaissance de l'invisible