Étude sur la
Chronique De Nuremberg de Hartmann Schedel,
avec les bois de Wolgemut & W. Pleydenwurff,
par
Charles Ephrussi,
Paris, Librairie Techener, 219, rue Saint-Honoré, au coin de la rue d'alger, 1894
α ©
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Une publication de plus haute importance qui devait devenir célèbre sous le nom de Cronica Mundi.
Deux patriciens de Nuremberg, Sebald Schreyer et Sébastien Kammermeister, conclurent, le 29 décembre de cette année 1491, avec Michel Wolgemut et son beau-fils Guillaume Pleydenwurff,
un traité relatif à l'illustration d’un volumineux ouvrage,
qui ne devait être rien moins que l’histoire du monde depuis la création jusqu’à la fin du xve siècle.
La rédaction de cet immense travail fut confiée à un homme que ses études approfondies et son goût pour les choses de l’art semblaient désigner pour un si rude labeur.
Hartmann Schedel occupait alors une des premières places dans ce cénacle d’humanistés qui siégeait au sein de la vieille cité impériale.
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SECOND AGE
L’arc-en-ciel, signe du traité entre Dieu et les hommes,
« quoiqu’on lui donne généralement six ou quatre couleurs, n’a ici que deux couleurs principales représentant les deux jugements : la couleur aqueuse indique le jugement passé qui n’est plus à craindre ; la couleur ignée annonce la certitude du futur jugement par le feu ».
Les fils de Noé peuplent le monde; la diversité des langues commence.
Des monstres de toute espèce naissent sur la surface du globe et,
ramassant en sa science indigeste toutes les fables de l’antiquité greco-latine,
Schedel se complaît à décrire ces êtres difformes, dont Wolgemut et Pleydenwurff répandent les portraits fidèles sur les deux côtés de la page.
Ici ce sont des hommes n'ayant qu’un large pied,
si agiles qu'ils suivent à la course les bêtes sauvages;
là, d’autres ont de sigrandes oreilles qu'elles couvrent le corps tout entier;
ailleurs des femmes ont une tête plate sans cheveux,
mais par compensation une barbe descendant jusqu’à la poitrine;
les satyres et les centaures, qui sont appelés hippopèdes, ne sont pas oubliés.
Et que d'êtres plus monstrueux encore !
hommes à six bras ou à cou de girafe, ou sans tête, les traits du visage étant figurés sur la poitrine,
ou avec une bouche dont la lèvre inférieure tombe jusqu’au ventre.