©  α  ?                          Le Roman de la Rose. 1534.
Où fons de la fontaine aval,
 Avoit deux pierres de cristal
 Qu'à grande entente remirai,
 Et une chose vous dirai,
 Qu'à merveilles, ce cuit, tenrés
 Tout maintenant que vous l'orrés.
 Quant li solaus qui tout aguete,
 Ses rais en la fontaine giete,
 Et la clartés aval descent,
 Lors perent colors plus de cent

 Où cristal, qui por le soleil
 Devient ynde, jaune et vermeil:
 Si ot le cristal merveilleus
 Itel force que tous li leus,
 Arbres et flors et quanqu'aorne
 Li vergiers, i pert tout aorne
,
 Et por faire la chose entendre,
 Un essample vous veil aprendre.
Au fond de la fontaine aval
 Brillent deux pierres de cristal
 Que longtemps étonné j'admire;
 Or une chose vais vous dire
 Que pour merveilleuse tiendrez
 Sans nul doute quand l'ouïrez.
 Lorsque le soleil, qui tout guette,
 Ses rais en la fontaine jette,
 Et qu'aval la clarté descend,
 On voit de couleurs plus de cent
 Nuancer le cristal limpide
,
 Vermeil, azur, jaune splendide.
 Telle du cristal merveilleux
 Est la vertu, que tous les lieux,
 Arbres et fleurs qui embellissent
 Ce beau verger, s'y réfléchissent.

 Pour la chose mieux expliquer,
 Un exemple vais appliquer.