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Vers orphique.

Il revient au même de manger des fèves & la tête de ses parents.



Porphyre, Vie de Pythagore. 24.

Pythagore vit à Tarente un bœuf qui broutait des fèves vertes;
il aborda le bouvier & lui suggéra de dire au bœuf de s'abstenir des fèves;
comme le bouvier se moquait de lui & prétendait ne pas savoir parler bovin,
il s'approcha du bœuf & lui murmura à l'oreille non seulement de quitter le champ de fèves
mais de ne plus toucher désormais à ce légume.
Le bœuf vécut très longtemps;
il resta à Tarente, vieillissant près du sanctuaire d'Héra
& appelé le bœuf sacré,
alimenté par la nourriture que lui tendaient les visiteurs.



Porphyre, Vie de Pythagore. 44.

Il disait de s'abstenir de fèves autant que de chair humaine.
A ce qu'on rapporte, s'il les interdisait, c'est qu'à l'origine,
les hommes & les fèves se formèrent de la même pourriture.
& il en apportait des preuves irréfutables.
Croquez une fève; après l'avoir écrasée avec les dents,
exposez-la quelque temps à la chaleur des rayons du soleil,
puis allez vous-en & revenez au bout d'un instant :
vous y trouverez l'odeur de la semence humaine.
Ou bien, quand la fève bourgeonnante fleurit,
prenez un peu de la fleur noircissante,
mettez-la dans un pot de terre que vous boucherez & enfouirez dans le sol;
vous l'y laisserez 90 jours,
après quoi vous la déterrerez & enlèverez le couvercle :
vous trouverez alors, à la place de la fève,
ou une tête d'enfant bien formée, ou un sexe féminin.



Diogène Laërce, Vie de Pythagore. 31.

Il faut s’abstenir de manger des fèves, parce qu’elles sont pleines de vent & qu’elles participent à l’âme,
& que si on s’en abstient on aura le ventre moins bruyant & d’autre part on fera des rêves moins lourds et plus calmes.
41.
A propos des fèves,
Aristote dit que Pythagore les proscrivait soit parce qu’elles ont la forme de testicules,
soit parce qu’elles ressemblent aux portes de l’enfer : en effet, seules elles n’ont pas de gonds ;
soit encore parce qu’elles corrompent, ou parce qu’elles ressemblent à la nature de l’univers,
ou encore parce qu’elles sont le symbole d’un état oligarchique.
En effet, elles servent pour le tirage au sort.
47.
Toujours est-il que le philosophe prit la fuite & fut rejoint près d’un champ de fèves.
Il refusa de le traverser en déclarant qu’il préférait être tué à fouler les fèves aux pieds,
& en ajoutant qu’il valait mieux mourir que parler.



Aulu-Gelle, Nuits Attiques. IV.11

Renseignements donnés par le philosophe Aristoxène sur la régime de Pythagore
& qui semblent plus vrais que la tradition ordinaire.
Témoignage analogue de Plutarque sur le même sujet.

D'après une opinion ancienne fort en crédit, mais évidemment fausse,
Pythagore ne mangeait jamais ce légume que les Grecs appellent fèves.
C'est en suivant cette opinion que le poète Callimaque a dit :
 Abstenez-vous de fèves, ne mangez point de chair :
 c'était le précepte de Pythagore, & je le proclame aussi.
 Cette erreur était aussi partagée par M. Cicéron, qui a dit, dans le premier livre de son traité de la Divination :
« Platon veut que, lorsqu'on se livre au sommeil,
la disposition du corps soit telle qu'il n'y ait rien qui puisse jeter dans l'âme le trouble & l'erreur.
Aussi croit-on que l'usage des fèves a été interdit aux pythagoriciens,
parce que cet aliment produit une boursouflure contraire à la tranquillité qui doit régner dans une âme qui recherche la vérité. »
Voilà les paroles de M. Cicéron.
Mais, d'un autre côté, le musicien Aristoxène, homme très versé dans la littérature ancienne, & disciple d'Aristote,
rapporte, dans un traité qu'il a laissé sur Pythagore,
que les fèves étaient, de tous les légumes, celui que ce philosophe se faisait servir le plus souvent,
parce qu'il les trouvait faciles à digérer, & douées d'une propriété laxative.
Il est probable que l'erreur provient d'un poème d'Empédocle, philosophe pythagoricien, où l'on trouve ce vers:
 O malheureux, très malheureux, abstenez-vous de toucher aux fèves.
 On a pensé généralement qu'il s'agissait du légume qu'on appelle de ce nom ;
mais ceux qui ont lu avec plus d'attention & d'intelligence les poèmes d'Empédocle ont pensé que Fève signifie ici testicule,
& qu'Empédocle, sous le voile de l'allégorie & à la manière de Pythagore, désigne par ce mot les organes de la génération,
première & principale cause de la conception, voies dont se sert la nature humaine pour se reproduire ;
qu'ainsi dans ce vers, Empédocle ne défend pas de manger des fèves,
mais il cherche à détourner les hommes de la débauche, des plaisirs honteux de Vénus.




Furtwängler, Antike Gemmen.

La défense de manger des fèves a pour cause la crainte de troubler les sacrifices par des flatuosités.